La cacao Brésilien, une richesse encore méconnue.
- Marina

- 9 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 sept.
L’Amérique latine est le berceau originel du cacao. Elle a peut-être perdu son monopole de production au profit de l’Afrique et de l’Asie, mais elle n’en reste pas moins un acteur de référence, notamment sur le segment des cacaos fins et de terroir.
Parmi les pays qui ont su se réinventer, le Brésil occupe une place singulière. Il abrite aujourd’hui certaines des variétés de cacao les plus rares et les plus recherchées au monde, cultivées dans des écosystèmes complexes et préservés. Cela représente une grande fierté pour les producteurs, mais aussi une formidable opportunité pour les artisans chocolatiers en quête de sens et de qualité.
🌱 Un peu d’histoire : du boom à l’effondrement
Dans les années 1980, le Brésil était le 2e plus grand producteur mondial de cacao, juste derrière la Côte d’Ivoire. En 1986, la production atteint un sommet historique avec près de 459 000 tonnes.
Mais dès la fin de la décennie, la filière est frappée de plein fouet par une triple crise :
des sécheresses prolongées,
l’effondrement des cours mondiaux,
et surtout, une épidémie du champignon "balai de sorcière" (Moniliophthora perniciosa), identifiée pour la première fois à Bahia en 1989.
Ce parasite attaque les jeunes pousses et les cabosses, provoquant une chute dramatique des rendements. Bahia, alors cœur historique de la cacaoculture brésilienne (avec 86 % de la production), voit ses plantations décimées. En quelques années, les deux tiers de la production disparaissent. L’économie locale, dépendante du cacao, est profondément fragilisée.
Les grandes marques industrielles se tournent alors vers d’autres provenances, souvent moins qualitatives, pour compenser.
🌿 Le renouveau par la qualité
Pourtant, le Brésil n’a jamais cessé d’innover. Face à l’effondrement, de nombreux producteurs ont choisi de sortir du modèle intensif, en misant sur :
des variétés anciennes et plus résistantes,
des pratiques agroforestières plus durables,
et surtout, la production de cacao fin destiné à des marchés exigeants.
En 2019, la Banque mondiale identifiait le cacao fin brésilien comme une "niche prometteuse" : moins volumineuse, mais plus rémunératrice et qualitative.Ce segment permet de mieux valoriser le travail des petits producteurs et d’assurer une traçabilité complète aux artisans chocolatiers.
La fermentation, autrefois négligée, devient centrale. Mieux maîtrisée, elle permet de développer des profils aromatiques complexes, allant des notes fruitées aux accents boisés ou floraux.
Trois terroirs labellisés pour redonner une identité au cacao brésilien
Le Brésil a aussi compris que la mise en valeur des indications géographiques (IG) est un levier de reconnaissance et de structuration pour la filière.
Trois régions sont aujourd’hui labellisées, preuve de leur singularité :
Linhares (Espírito Santo) : premier label reconnu en 2012. Cacaos produits dans des zones semi-humides, avec des notes délicates et équilibrées.
Sud de Bahia : label obtenu en 2018. Zone historique et cœur de la renaissance du cacao brésilien, avec des cacaos à l’ADN génétique riche et des arômes puissants.
Tomé-Açu (Pará, Amazonie) : label délivré en 2019. Région pionnière en agroforesterie, fondée par des familles d’origine japonaise. Cacaos complexes, parfois épicés, avec une acidité élégante.
Ces labels permettent de valoriser non seulement la qualité des fèves, mais aussi le savoir-faire agricole, l’histoire des régions et les engagements environnementaux.
Un chocolat d’origine brésilienne au profil unique
Aujourd’hui, le cacao brésilien ne représente que 6 à 8 % du marché mondial, mais il séduit de plus en plus d’acteurs du chocolat bean to bar. Seulement 3 % de cette production est classée cacao fin, mais ce petit pourcentage constitue l’essentiel des exportations vers le Japon, la France, ou les Pays-Bas.
Le profil aromatique des cacaos brésiliens est extrêmement varié : certaines fèves sont très douces, d’autres très fruitées, parfois même avec des touches épicées, végétales ou florales. Les artisans y trouvent un terrain d'exploration idéal, et les consommateurs, une alternative aux origines plus connues comme le Pérou, Madagascar ou la République Dominicaine.
Pourquoi La Brigaderie de Paris a choisi le cacao brésilien
Chez La Brigaderie de Paris, notre histoire est profondément liée à celle du cacao brésilien. En tant que chocolaterie fondée par Marina, brésilienne d’origine, c’était une évidence de travailler en direct avec les producteurs locaux, et de valoriser ces terroirs oubliés.
Nos tablettes et nos brigadeiros sont exclusivement fabriqués avec du cacao brésilien, sourcé avec soin dans des fermes pratiquant l’agroforesterie et la fermentation contrôlée.Ce choix reflète notre volonté de proposer un chocolat traçable, éthique et vivant, qui raconte quelque chose.
✍️ À propos de l’auteure : Cet article a été rédigé par Marina, fondatrice de La Brigaderie de Paris, la première brigaderie artisanale de France, ouverte en 2012. Née au Brésil, Marina valorise aujourd’hui le cacao brésilien à travers une gamme de chocolats bean to bar fabriqués dans son atelier de Montfort l’Amaury, dans les Yvelines.

















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